Garrec Ven

 

Version 4.2_Page 31-31_janvier 2024

 

Le nom de Garrec Ven est mentionné dans deux documents. Il se retrouve aussi dans le cadastre napoléonien.


Garrec Ven dans le cadastre

 

Dans le cadastre on trouve en effet :

Garrec Ven : 47 à 52, 167 et 168, terre à lande ;

Parc ar Garrec Ven : 463,464 et 467, terre labourable.


Les parcelles 47 à 52 sont perpendiculaires à la côte ouest, entre Garrec Pascouët et Landouroc.

Les deux parcelles 167 et 168 sont le long de la route de la Fraternité ; entre les deux blocs il y a Léac’h Cazi.

Par contre les 3 parcelles dénommées Parc ar Garrec Ven sont à proximité du village, entre ce qui s’appelle aujourd’hui la route de Trégoudan et la route de l’Iroise. Elles sont disposées en escalier et comprises entre « Parc Gros ar Maner » à l’ouest et des terres dépendant du village à l’est : « liors éost », qui est en face du four et « parc nevez », qui fait aujourd’hui partie d’un champ plus grand (que nous appelons le champ des pommes, même s’il n’y en a plus.)

La déclaration de 1812

 

Le document le plus important est la déclaration sur le lieu de Garrec Ven, datée du 12 mai 1812.

Dans ce document plusieurs personnes reconnaissent devoir solidairement à Emmanuel Le Gentil de Quélern une rente censive et foncière d’un montant de 50 kg de froment (un boisseau), rente qu’ils ont payée jusqu’à la Saint Michel 1811.

La déclaration fait référence à une déclaration précédente, en date du 24 octobre 1751, qui ne nous est pas parvenue.

les personnes concernées


On retrouve dans la déclaration Jean Derrien, Jean-Marie Penfret et Marie Jeanne Carn, tous trois de Trégoudan, mais aussi Thomas Keraudren de Quélern, Joseph Penfrat et Jean Jaffré de Kerguinou, Gabriel Cornic de lodoën

Joseph Penfrat est le père de Jean Marie Penfrat, mais aussi l'un des ancêtres de Pierre Le Lann. Il est décédé en 1818.

 Dans cette liste le notaire a rayé le nom de Jacques Kerauden (agissant pour lui et pour sa sœur - elle s'est mariée le 28 janvier 1809 avec François Laé, mais son nom n'est pas cité).

Les  parents devaient apparaître dans l’aveu précédent, daté de 1751.

Leur père, Joseph Keraudren, est décédé le 9 octobre 1787et son épouse,Marie Jeanne Kerguelen, le 1er mars 1827.

les biens concernés

 

Dans la déclaration on a une liste de 10 parcelles et 2 maisons.

Aucune des parcelles ne porte le nom de Garrec Ven ! Ou alors elles ont changé de nom.

De plus elles sont toutes dispersées et il est difficile de les retrouver sur le cadastre, qui a pourtant été rédigé quelques années plus tard; les noms et les contenances ne coïncident en général pas avec des parcelles identifiées dans le cadastre

Les superficies sont données en cordes et en ares. Il est possible que le texte soit la reproduction de l’aveu de 1751 avec la traduction  des surfaces dans le nouveau système.

 

 

Dans la description des parcelles on trouve mentionnés les héritiers de Jean Penfrat ou, même, les héritiers de la veuve de Jean Penfrat.

Mais qui est le Jean Penfrat de la liste? Jean Penfrat, célibataire, décédé en 1806 ou son père, Jean Penfrat, époux de Marie Salaün? Les deux peut-être.

 

A la fin de la déclaration il y a les maisons.



A priori on a du mal à situer ces maisons. Il y a bien les noms des jardins/courtils : liors an ty, qui borde le côté ouest de la grande maison, liors bras de l’autre côté.

Si on prend le cadastre napoléonien, on trouve « Liors an ty », qui  comprend les parcelles 270 à 274, « Liors Leur » les parcelles 278 à 281 et « Liors Bras » commence à la parcelle 282.


Mais ce n’est pas si simple car il y a certainement eu des modifications entretemps: d’anciennes crèches ont disparu, des maisons ont été transformées en crèches et il y a eu des constructions nouvelles.

 

La superficie cumulée de Liors an Ty et de Liors Leur est légèrement supérieure aux 3000 m² annoncés, plutôt 3300 m².

 

En 1830 le propriétaire de la maison, qui porte le numéro 272 est Thomas Carn du Cléguer (il a aussi la maison de la parcelle 273), celui de la maison 279 est Jean Derrien.

 

De l’autre côté du Prat il y a aussi Liors Bras (418 et 419) et Parc Leur (420 à 424), mais la disposition des maisons est différente et la superficie totale est de 4100 m².

 

A la fin de la déclaration le notaire a barré à nouveau le nom de Jacques Keraudren.


Madame de Kerobézan

 

Nous avons un  document incomplet et non daté, qui parle d’un mesurage de la tenue de Garrec Ven. Il n’est pas question de la famille Le Gentil, mais de Mme de Kerobézan. 

Ce nom de famille figure dans un document de 1655, détenu aux archives de Quimper, où  Marie de Kerguelen est qualifiée de dame de Kérobézan.

En fait il doit s'agir de Marguerite le Gentil de Kerlern, qui a épousé en 1724 François René de la Fruglaye de Kerobézan.

Elle décède au bourg de Crozon le 11 avril 1785, âgée d'environ 95 ans. Elle est donc née vers 1690, fille de Jacques Le Gentil et sœur de Tanguy Le Gentil.

Pierre, Le Gentil , son neveu, chevalier de Kerlern, est présent à son enterrement.

 

La famille de la Fruglaye est une famile originaire de la région  de Dol, très prolifique et caractérisée par l'utilisation assez systématique du prénom "René".

René de la Fruglaye a épousé Marie-Anne Tanguy de Kerobézan. François René est l'un de leurs fils.

Les Tanguy de Kerobézan sont originaires de Briec, probablement apparentés aux Le Gentil par la branche Kerguelen. Ici aussi on reste entre cousins.

Le mesurage réalisé à la demande de Madame de Kerobézan

 

La surface des parcelles est donnée en cordes.

Le but du mesurage est de répartir équitablement entre les différents bénéficiaires de la rente censive les 12 livres, qui représentent la valeur du boisseau de froment.

Même si le document est incomplet on retrouve des parcelles de la déclaration de 1812.

Le tableau final, qui additionne les parts de chacun donne un résultat différent de ce qui est attendu : on a un total réel de 750 cordes pour 672 annoncées et un total de 13 livres et 19 deniers au lieu de 12 livres. La contre-valeur de 3 deniers et 4/7ème par corde, donnée au dessus du tableau n’est pas respectée : elle varie sensiblement selon les individus.

Les bénéficiaires


Parmi les bénéficiaires on retrouve Maurice Téphany, qui partage bien une maison avec Allain Jaffré, les Enfants de M. Le Vaillant, mais curieusement les héritiers de Marie Herjean et ceux de Marc Derrien. Or Marie Herjean est décédée en 1787 et Marc Derrien, son beau-père probablement avant, mais après 1753.

il y a aussi la veuve de Joseph Keraudren, qui est décédé le 9 octobre 1787.

Le mesurage a donc été  rédigé au tout début de la révolution, car Alain Jaffré était vivant en 1789 (du moins s'il s'agit du même).

Toutefois il ne faut pas oublier que Marguerite, dame de Kerobézan est décédée en 1785! Il doit y en avoir une autre.

Dans ce document non daté « la veuve de Joseph Keraudren » est citée pour une somme très faible : un denier.

Ses enfants ont donc racheté la rente entre 1789 (environ) et 1812, puisqu'ils ne figurent pas dans la déclaration de 1812, à moins qu'ils n'aient vendu la parcelle.

 

On ne trouve pas Jean Thomas Keraudren, car sa famille est arrivée récemment à Trégoudan. On sait par contre qu'il a épousé Marie Jeanne Penfrat, fille de Joseph Penfrat et de Jeanne Carn.

Jean Penfrat, Joseph Penfrat et Allain Jaffré ont ensemble les 2/3 des biens concernés.

La relance du 8 octobre 1812

 

Mais la déclaration n’a pas eu d’effet immédiat, car le 8 octobre 1812 Mme Melou, la mère d’Emmanuel le Gentil réclamait à Jean Derrien le paiement de son boisseau de froment.

Encore une fois le manque de liens entre les documents rend difficile leur interprétation.