Léac'h Izellaff

 

Version 4.2_Page 31-41_janvier 2024

 Le nom de Léac’h Izella apparait dans trois documents :

Le « prisage » du lieu appelé Léac’h Izellaff de 1668, le rachat de 1691 et la déclaration de 1812 sur Garrec Ven de 1812. 


Prisage de 1668


Le 15 novembre 1668 a lieu le prisage du lieu nommé « Léac’h izelaff ». Il est divisé en deux parties.

L’acte donne la liste des bénéficiaires pour chacune des deux parties, puis la liste des terres. Malheureusement le document est incomplet, car il manque notamment la conclusion.


Liste des bénéficiaires


Les bénéficiaires font parties des familles que l’on retrouve aussi dans les autres aveux : Carn, Palud, Haruel, Le Goascoz ou Téphany.

Les 59 parcelles


l’énumération décrit et évalue 59 parcelles, du moins pour la partie qui nous est parvenue.

Il y a 27 parcelles pour la première moitié, avec une superficie totale de 29500 m² et un revenu de 57 livres, 10 sols et 7 deniers, en comptant la maison du premier article.

La seconde moitié compte 32 parcelles avec une superficie totale de 32906 m² et un revenu de 61 livres, 11 sols et 9 deniers.

On n’est pas très loin d’un partage en deux parties égales et il ne doit pas manquer grand chose dans le document.

 

Les noms des terres se retrouvent dans des documents plus récents et notamment sur le cadastre : Parc Pen ar Hor, Toul ar pors, Tors ar Poul, Parquic, mais aussi : Parc Moan, Toul an hé, parc gorniel, jan le gal .

Mais il y a des noms difficiles à lire ou à positionner sur un plan.

D’une manière générale ces terres se situent dans la partie nord du village, là où on avait déjà les tenues de Coatglas et Garrec Ven, entre la route de la Fraternité et l’impasse des îles avec quelques parcelles au dessus du village.

La maison


La maison associée à cette estimation ne porte pas de nom. Elle est sur une parcelle de 410m². Il y a trois candidats possibles : la maison appelée « Ty Postic », la maison de Jean Derrien (ty berbéoc'h) ou celle qui est tout en haut de « Pen ar Hor », au carrefour avant le grand chemin de Crozon à Roscanvel (Hent Meur).

La maison « Ty Postic » parait peu vraisemblable, car la surperficie du Pors dépasse les 800 m².

La maison de Jean Derrien (279) doit être celle qui est citée en 1753 dans Coat Glas, car l’environnement qui y est décrit correspond assez bien au cadastre.

Il reste donc la dernière, qui est sur la parcelle 272, avec en plus la petite maison du numéro 273. En effet l’ensemble a une superficie de 424 m². Au début du 19ème siècle elles appartiennent à Thomas Carn et il y a 3 individus portant ce nom parmi les consorts.

Elle est entourée de deux « cours » : « Liors Huella » et « Liors Izella », qui sont partagées selon un rapport proche de 2/3 pour le premier groupe de domaniers et 1/3 pour le second.

Le cadastre montre que les parcelles 267 à 279 faisaient partie d’un même ensemble. Mais les 3 premières portent en 1830 le nom de « Parc Pen ar Hor », comme les 3 parcelles de 264 à 266. De même les parcelles 278 et 279 sont dénommées « Liors Leur », comme la 280 et la 281, qui font pourtant partie d’un autre ensemble ; les deux étant séparés par le « ParcThomin ». De plus la parcelle 279 est parfois appelée aussi « Toul ar Pors », comme la plupart des parcelles situées au nord du Pors.

Si l’hypothèse retenue est la bonne, l’ensemble des parcelles 267 à 269 a donc été divisé entre au moins deux tenues : Coatglas et Léac’h Izella.

Les deux parties de « Liors Huella » font ensemble 1200 m² selon le mesurage de 1668 ; la superficie des parcelles 269 à 271 se monte à 1110 m² selon le cadastre de 1830. L’écart n’est pas très important, sachant que les limites des parcelles ont très certainement bougé entretemps.

Par contre « Liors izella » fait 498 m² contre 770 m² pour la parcelle 274. Ici l’écart est plus significatif

Rachat de 1691


Le lieu de Léac’h Izella est également cité dans le rachat de Clémence Palud du 12 mars 1691.Dans le détail des droits on voit aussi qu’il y a des droits à payer pour les tenues de Quasi et de Léac’h Izella, ce qui confirme que les différentes tenues sont imbriquées, sans fil conducteur apparent, mais très certainement le résultat de partages successifs.

Dans ce rachat la part des droits concernant la tenue de Léac’h izellaff est payée à la fabrique de l’église paroissiale de Crozon.


Déclaration de 1812


Le lieu de Léac’h Izellaff est cité à deux endroits dans la déclaration de 1812 sur le lieu de Garrec Ven.


Var garront ar c’hor


Tout d’abord en troisième page : la pièce de montagne nommée « var garront ar corre » donne du couchant sur terre dépendant de léac’h izellaff et du midi sur le pourpri commun (le prat).


Il est possible qu’il s’agisse des parcelles 267 à 269.


Pen ar goarem


Puis en quatrième page : la pièce de montagne « penn ar voarem » donne du nord sur léac’h izelaff et du couchant sur la grève, or, selon le cadastre publié peu après, au sud de menez léac’h izella on a le début des tachen vras kreis ar menez. Est-ce compatible ?

Si on admet que les noms des parcelles ont pu évoluer, ce n’est pas incompatible. En effet il y avait autrefois des chemins, qui venaient de Camaret et longeaient la côte, parfois au ras de la falaise, parfois en retrait. Le groupe de parcelles situé au niveau du cap Tremet porte le nom de huel goarem koz ; le chemin, qui a été élargi pour devenir la RD355, passe un peu plus à l’est, c’est le goarem nevez, que l’on retrouve aussi à Kerellot.

Penn ar voarem (goarem) est alors la partie le plus haute du chemin, qui descend ensuite vers la Fraternité et c’est aussi la partie la plus haute de la « montagne ».


Il y a en tout 9 parcelles en bordure de la falaise, qui portent le nom de Menez Léac'h Izella, pour une superficie totale de 22940 m². Ce sont des parcelles à l'intérieur du bloc "Léac'h Cazi", comme s'il y avait eu un démantèlement de cette dernière tenue.

Pour mémoire Léac'h Cazi est traduit parfois par terre de Cazi ou tenue Cazi.

Faut-il comprendre que "léac'h izellaff", le lieu du bas, concerne la partie du village située au nord, après le Prat, par opposition à Trégoudan huella, le gros du village, situé de l'autre côté, en grande partie à flanc de côteau, donc plus élevé?

C'est assez vraisemblable car dans quelques papiers il est question  de Trégoudan Izella pour qualifier toute cette zone.

Il reste à retrouver le cœur de la tenue cazi, s’il ait jamais existé.

 

Point à retenir

 

les documents sur Coat Glas, Garrec Ven et Léac'h Izella concernent essentiellement des biens situés dans la partie nord du village. Deux des trois tenues citées sont des biens de la famille Goulherze, qui ont été partagés entre deux branches, celle de Kerlern et celle de Trébéron. Que dire de Léac'h Izella? Le document est malheureusement incomplet. Curieusement pour Cardinal c'est au niveau des barons du Poulmic, qu'il faut remonter.

Nota :


On trouve dans la littérature accessible sur internet que les deux « f » à la fin du mot indiquent une nasalisation, remplacée dans les documents suivants par le « ň » espagnol, toujours utilisé en breton moderne.