Le prix de vente  des terres

Version 4.2_Page 34-12_janvier 2024

 

Parmi les 250 documents collectés, seuls une trentaine concerne l’achat de terres bien identifiées. Il n’a pas été tenu compte des achats des fermes, car les prix semblent déconnectés des prix des parcelles individuelles.

 

Le graphique ci-dessous donne le prix de vente constaté dans les actes en F/m².

 

Dans la plupart des cas où la vente concernait plusieurs parcelles, il n’y a pas de prix séparé pour les labours et les terres à lande; on a donc un prix moyen.

Au 19ème siècle les prix sont stables ou en baisse. La hausse n’est sensible, comme pour les fermages, qu’après l’arrivée du franc Poincaré, donc après 1920.

Les écarts importants sont parfois liés à des prix spéciaux « famille » ou des terres vaines rajoutées en plus (par exemple en 1929 une partie de "Parc Cardinal" a été vendue avec 3 parcelles de lande, pour 0,18F/m² en moyenne ; or  le même jour une autre partie de  « Parc Cardinal »a été vendue pour 0,81F/m²).

 

Les achats sont concentrés sur la période 1887-1898, avec 43% des prix recensés.

Le prix moyen est de l’ordre de  0,15F/m².

Il n’y a pas d’écart significatif entre les labours et les terres à lande à Trégoudan, sauf dans quelques cas, comme un bord de falaise « ménez ar cap » à 0,04F/m² et « menez du » à 0,08F/m² alors qu’il s’agit ici d’une terre labourable.

 

Si la famille Laé a surtout acheté des terres labourables à Trégoudan, à Rigonou, à l’inverse, elle a surtout acheté des terres à lande, nettement moins chères : 0,06 à 0,08F/m² au 19ème siècle et 0,30F/m² en 1929.

 

Il y a eu quelques achats à Kerellot, surtout auprès des héritiers d’Alain Laé, avec des prix très bas en 1911 et 1914 (0,08F/m² pour des terres labourables). Il faut signaler qu’Augustine Laé a acheté à son père « Parc Nevez » à Kerellot pour 400F en 1893, parcelle qu’elle a revendu à Jean Laé en 1914 avec 8 autres parcelles pour le même prix de 400F.

Le prix élevé noté en 1888  concerne une petite parcelle dans « iz al liorzou », achetée pour terminer le regroupement des différents morceaux de la prairie. Hervé Le Bihan a eu le même problème quand il a voulu acheter une troisième parcelle à la cale de Quélern.

 En tenant compte de l’érosion monétaire, les prix des terrains sont assez proches de ceux de 2018. Certes notre échantillon ne peut pas se comparer à des moyennes régionales, mais, dans l’ensemble, nous restons dans l’ordre de grandeur des prix pratiqués dans le département, en se rapprochant même des prix pratiqués aujourd’hui dans la région la plus riche : le haut Léon.

 

Prix du m² de terre agricole en euros en 2010

Moyenne

Moyenne des pris les plus bas

Moyenne des prix les plus  hauts

Le haut Léon

0,65

0,17

1,18

Région de Brest (Bas Léon)

0,48

0,11

1,03

Cornouaille (le sud)

0,39

0,14

0,84

Région de Châteaulin

0,39

0,10

0,65

Monts d’Arrée

0,23

0,09

0,56

Prix d’achat recalculés en €

Moyenne

Le plus bas

Le plus haut

Achats du 19ème

(1 F de 1900 = 4€)

0,60

0,15

1,50

Achats de 1929

(1 franc de 1929 = 0,5€)

0,32

0,10

0,40

 

On note cependant que la crise de 1929 a fait chuter les prix.

 

Dernière information : dans la succession d’Émilienne Le Lann le prix des terres a été fixé à 0,16€/m². Cela correspond à la moyenne des prix les plus bas car la plupart des terrains se trouvent en zone N ou NS ou même dans la zone de préemption du Conservatoire du Littoral.

En 2023 les ventes au Conservatoire du Littoral se font faites sur la base de 0,30€/m² mais le département a été plus généreux avec un prix d'achat de,40€/m², sachant que ces prix sont fixés par les Domaines.

 

Les maisons ne valaient rien

 

La ferme de Rigonou, payée 5400 francs en 1854, comprenait une maison, des dépendances et 11 hectares de terres agricoles, essentiellement des terres labourables. Achetées isolément ces terres auraient valu deux fois plus.

 

A l’exception des maisons de Camaret, les bâtiments ne valaient rien ou presque. Seule la terre comptait. On voit ici aussi l’effet de la vente à la découpe.

 

On pouvait vendre aussi plus cher des terres isolées, convoitées par des voisins, qu’un ensemble de parcelles dispersées, notamment dans le cas de Rigonou.

 

Cela n’est peut-être pas aussi simple comme on la verra plus loin. Il est possible que  le prix des maisons ait progresssivement augmenté avec l'arrivée des maisons secondaires à partir du début du 20ème siècle.