L'évolution des fermages

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Il y a des baux parmi les nombreux documents collectés. En fait, à un moment ou à un autre, la famille Laé à donné à bail la deuxième ferme de Trégoudan (ty Maurice Téphany), la ferme de Rigonou, la petite ferme de Kerloc’h, la maison de Camaret

 Les baux les plus récents ne sont pas abordés (ZUP de Brest, maiosns de TRégoudan et du bourg).

Il manque des documents, mais on arrive cependant à avoir une bonne idée de leur évolution, qui a été reportée sur le graphique ci-dessous en comparaison avec l’érosion du franc, ou plutôt l’inverse de l’érosion, pour avoir une évolution similaire.

 

Le franc a peu varié tout au long du 19ème siècle et même jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Parfois même il a baissé, mais en gros il est resté à peu près stable entre le franc Germinal et le franc Poincaré.

 

Le prix des fermages est également resté relativement stable pendant cette période, puis il a  fortement augmenté à partir de la guerre, mais il ne faut pas oublier que les baux étaient signés généralement pour 9 ans et que, de ce fait,  les valeurs portées sur le graphique ne correspondent pas strictement aux années portées en abscisses (point de départ = 100 au début du 19ème siècle).

 

Trégoudan

 

La ferme de Trégoudan a été achetée par Véronique Quélen le 19 février 1889 à Mme Marie Jeanne Thiec, qui l’avait recueillie dans la succession de son père, Guillaume Thiec. Ce dernier avait acheté le 9 avril 1865 aux héritiers Jaffré la moitié de la maison appelée « ty Maurice Téphany » et les terres jointes. Guillaume Thiec occupait déjà la maison.

 

On peut donc supposer qu’il était déjà propriétaire de l’autre moitié, qui était précédemment la propriété d’Yves Rogel. Le prix de la vente était de 2400F.

 

Il manque l’acte de vente de 1889, mais la description des terres figure dans l’acte du 8 avril 1865 et dans le bail accordé 28 avril 1889 à Jules Second ; on a également la liste des parcelles supplémentaires, malheureusement sans les numéros des parcelles. En l’absence de numéros, on ne peut pas calculer la superficie totale car certains noms de parcelles ont changé entretemps.

Le premier fermage est de 255F ; il est difficile de tirer des conclusions car on ne connait pas le prix total de la maison, ni même la composition  exacte du bien loué. Au denier 20 cela correspondrait à une valeur de la ferme de 5100 francs. 

 

La ferme a été reprise par Véronique Laé, probablement parce que M. Second ne payait pas son loyer.

Elle a été ensuite louée à Corentin Perfézou du Cosquer pour 240 F, dans un bail du 28 avril 1899, manquant, mais cité. Le bail a été renouvelé en 1908 et en 1917.

 

Le bail passe ensuite en 1926 à jean Louis Guillamot, gendre de Corentin Perfézou pour 600F.

 

En 1939 il passe à 1175F, mais avec trois parcelles en plus. Jusqu’en 1939 la famille Perfézou-Guillamot a bénéficié d’un prix raisonnable, compte tenu de l’érosion monétaire.

 

Rigonou

 

Lors de l’adjudication de 1854 Jean Pierre Quélen a acheté la ferme de Rigonou pour 6400F, avec 11 hectares de terres.

 

Elle était occupée par Pierre Le Roy.

 

Le bail a été prolongé, car il est renouvelé dans un acte du 24 octobre 1876, qui fait référence à un précédent du 25 février 1866. Le fermage est alors de 300F. Il manque le fermage de 1885, mais lors de la donation de 1891 le locataire était  Bernard Bouézennec.

 

Un fermage de 300 francs pour une ferme payée 6400 francs, fait penser immédiatement au rendement de 5% des biens immobiliers, que l’on retrouve encore aujourd’hui dans de très nombreux cas. On est bien au denier 20 ici aussi.

 

En 1876 il y a un jugement rendu contre Hervé Douarin, qui n’a pas payé les 210 francs dus sur la tenue rurale exploitée à  Rigonou depuis le 29 septembre 1874.  Or M. Douarin n’habite pas Rigonou en 1876. Il s’agit probablement de la moitié des terres attachées à la ferme achetée en 1854.

Le demandeur est Joseph Mercier et le nom de sa femme, Marie Jeanne Quélen,  n’est pas mentionné.

En 1891 cette dernière a fait une donation-partage de ses biens à ses filles. Marie Ursule Mercier a obtenu la ferme de Rigonou et la moitié des terres, qui restaient.

 

La ferme a été ensuite occupée par Jean Laé et Marie Mercier de 1891 à 1910.

 

Après le retour de Jean Laé  à Trégoudan la ferme de Rigonou a été prise par Bernard Roudaut pour 500F selon le bail du 8 avril 1911. Le prix passe à 600F en 1920, puis à 800F en 1923.

 

Changement de locataire en 1929, changement de prix également, puisque le fermage payé par Guénolé Boussard passe à 2000F. Le prix est beaucoup plus élevé qu’à Trégoudan, probablement en raison d’une plus grande superficie. En 1938 la ferme est reprise par Corentin Clorennec de Lambézen pour également 2000F. Globalement on est ici aussi en retard par rapport à l’érosion monétaire, mais cela vient en partie de la durée des baux.

 

Kerloc’h

 

Véronique Quélen avait en propre une petite ferme dans le village de Kerloc’h. Elle était occupée depuis 1866 par Pierre Kergroac’h . Le bail a été renouvelé en 1875 ; Bernard Lescop, son gendre, l’a reprise en 1884 pour 210F. il manque le bail suivant, mais en 1900 la ferme est reprise par Jean Marie Kermarrec pour seulement 160F, car la superficie des terres louées a probablement diminué entre temps : il ne reste plus qu’un hectare de terre labourable et 48 ares de landes. En 1911 la ferme est louée par Jean François Cossec, scieur de long,  pour un prix de 200F, mais dès 1913 elle passe chez Christophe Brunterc’h, cantonnier, pour 500F.

 

Les actes suivants ont très certainement été remis à Victorine Mercier, lors de la succession de son frère, Joseph Laé.

 

Les prix à Kerloc’h ont évolué plus vite, car les locataires ne restaient pas longtemps. Il était donc plus facile de procéder à des ajustements.

 

Camaret

 

Pendant la première moitié du 20ème siècle Jean Laé a donné à louer sa maison de Camaret, située rue de la poste (actuellement rue de la Marne) et appelée alors « Maison Quéméner ».

 

Les locataires sont tous des marins pêcheurs, à l’exception du premier.

 

En 1909 Sébastien Daniel, qualifié d’entrepreneur, paie 300F de loyer annuel, mais déjà en 1913 Jean Ménesguen doit payer 350F de loyer.

 

La maison a été reprise en 1923 par François Le Don pour 600F. En 1928 son gendre Léon Michel paie 1000F

 

La maison a été ensuite habitée par François Mercier et Victorine Laé, fille de Jean Laé. Elle appartient aujourd’hui à leurs petits enfants.

 

Mais d’où vient cette maison ?

En fait, s’il manque l’acte de vente, on a bien deux reçus du notaire Me Kervern, un relevé des déboursés et une levée d’inscription  aux hypothèques. La maison a été mise en adjudication le 4 avril 1908 par les consorts Quéméneur et acquise par Jean Laé pour 5050 francs, plus les frais d’acquisition, 569,50 francs. L’inscription a été radiée en janvier 1909.

 

D’où une question évidente : pourquoi Jean Laé, menuisier-charpentier et armateur, a-t-il décidé de déménager à Trégoudan après le décès de sa mère et de son grand-père ? Il aurait très bien pu aller habiter la maison de Camaret, qui a un étage, des combles et un atelier dans la cour, où il aurait pu aménager son activité de menuiserie. C’est peut-être la volonté de Marie Mercier de rester dans une ferme.  Pourtant elle avait acheté à l'une de ses soeurs une autre maison  située rue de Bruxelles avec un  champ situé au dessus du Styvel.

 

Pour mémoire la ferme que Jean Derrien a achetée à Bernard Lelias était louée 100 francs au début du 19ème siècle.

Elle sera louée 150 francs par Jean Derrien à son gendre 30 ans plus tard.