Encore des histoires d'argent

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 Embrouille  chez les Derrien 

les problèmes financiers peuvent aussi se résoudre par des avances sur héritage (voir la parabole du fils prodigue).

en  1825 Marie Louise Derrien et Guillaume Boënnec, son mari, réclament à Jean Derrien sa part dans la succession de sa mère Marie Louise Gourves. Comme Jean Derrien et Marie Louise Gourves ont eu 5 enfants, la part de Marie Louise Derrien dans la communauté entre ses deux parents est de 10%.

 

La part réclamée par Marie Louise Derrien se compose tout d’abord de 74 francs, représentant 10% des biens meubles selon l’estimation faite en 1807 par Pierre Herveguen.

Il y a ensuite 72 francs pour douze années de ferme (échues le 29 septembre 1824) pour les biens immobiliers.

Il s’agit de la ferme de Trégoudan achetée en l’an 13 à pierre Lelias.

Curieusement la demande de Marie Louise Derrien se base uniquement sur la rente : 60F et sur une durée de 12 années. Or la rente a été payée à partir de 1806 ; elle a été remboursée partiellement en 1816 et 1817, puis en totalité en 1819. On arrive bien aux 12 années, mais il y a erreur sur la dernière échéance.

Elle ne tient pas compte du paiement comptant de 900 francs intervenu en deux fois : 1805 et 1806.

Le prix réel la ferme de Trégoudan est de 2100 francs et Marie Louise Gourves aurait pu réclamer 210 francs au lieu de 72.  est-ce une erreur du notaire, Me Pelliet?

Il n’y  a pas de document sur le partage des biens propres à Marie Louise Gourves, sinon le rachat de cette part par Jean Derrien en décembre1833 à François Marie Balc’h, qui venait de les acheter à Guillaume Boënnec et Marie Louise Derrien. Cela concerne des terres à Kerizoc, village aujourd’hui disparu, et à Trévarguen. La valeur de rachat est de 60 francs.

Une courte remarque: 

 

Où était la village de Kerizoc? L'examen du plan cadastral et de l'état des sections ne fait pas ressortir de trace d'un village disparu. 

D'où la question : serait-ce finalement le village de Keruzou? Une déformation du nom par un scribe peu au courant des de la toponymie locale pourrait l'expliquer. En fait l'examen des dénombrements fait bien apparaître un changement de Keruzou en Kerizoc puis le retour vers Keruzou.

Curieusement lors du partage des biens immobiliers de Jean Derrien et Marie Louise Gourves en 1835, il n’est pas fait état de ces avances sur héritage, mais ce n’est pas le même notaire : les deux premiers actes sont de Me Pelliet, le dernier de Me Riou.

 

Dans le document remis à la veuve de Louis Derrien il est question de 600F pour chacun, avec remise de  soultes, car les lots ne sont pas égaux.

L’ensemble des biens est donc évalué à 3000F.

Ce qui met les biens propres à Jean Derrien à 600  francs, si on admet que François Balc’h n’a pas récupéré plus que ce qu’il avait payé (60 francs) pour un cinquième des biens immobiliers propres à marie Louise Derrien) et si la ferme de Trégoudan est estimée à son prix d’achat : 2100F.

 

Vente d'Alain Laé à ses enfants

 

Il y a le cas inverse, quand le père a besoin d’argent, il vend à ses enfants des terres à un prix supérieur au marché. C’est ce qu’a fait Allain Laé, quand en 1893  il a vendu à chacune de ses trois filles trois champs pour 400F chacun, celui vendu à Augustine Laé étant deux fois plus petit que ceux vendus à ses deux sœurs. Elles n’en auront la jouissance qu’à partir du décès de leur père. Une sorte de viager sans le nom ?

 

Le capital ne sera versé qu’à la majorité des enfants

 

Le 22 juillet 1871, Auguste Laé et Véronique Quélen achètent des terres à Mme Bozec, veuve de Pierre Penfrat, décédé en 1864. Le montant de la vente : 600 francs.

En même temps Mme Bozec prête 600 francs aux époux Laé, qui lui servent du 5%, c'est-à-dire 30 F par an.

 

Ils remboursent le quart et continuent de verser 22,50 F à Mme Bozec. Curieusement le remboursement du capital restant est prévu à la majorité des enfants.

En 1886, Léonie, Guillaume et Joseph Penfrat reçoivent donc 450 F de Véronique Quélen. Léonie a 23 ans, ses frères 29 et 26 ans.

 

Pourtant l’acte de vente de 1871 n’est pas aussi catégorique sur l’échéance et il n’y a que quelques reçus du versement des intérêts. D’ailleurs en 1886 personne ne se souvient réellement de la date de la vente des terrains.