Le château de la Belle au Bois Dormant
Plans, cartes et photographies
Version 4.2_Page 28-31_janvier 2024
Les plans et cartes
Le premier plan retrouvé sur internet est celui de 1784, qui donne l’environnement des lignes de Quélern juste après leur construction. Il y a ensuite le cadastre napoléonien datant de 1830 (ou à peu près) et le cadastre actuel, auquel il faut rattacher le plan dressé par Didier Cadiou vers 1990. Enfin il y a également un plan du Génie, qui est daté de 1836 mais dont le fond d’écran a probablement été dessiné à partir de relevés plus anciens.
Le cadastre actuel
Selon le cadastre actuel il y a 3 groupes de constructions : le manoir proprement dit avec la tour, la galerie avec le pavillon et la remise (ou plutôt l’écurie), le tout compris à l’intérieur d’un quadrilatère d’environ 30mx40m. Le hameau de Kertoupin est juste à côté. L’espace vide à gauche du pavillon semble correspondre à la structure sur laquelle s’ouvrait la porte visible à l’étage de la galerie.
En face il y a une grange partiellement ruinée (parcelle n°7) et un chemin, qui monte vers Penarcréac’h. Elle est représentée dans le livre de Cyrille Moguer. Sa date de construction : 1605.
Un autre chemin (entre les parcelles 5 et 6) permet de rejoindre Kerinou et Persuel.
Le schéma mis en ligne par Didier Cadiou reprend ces grandes lignes, mais le pavillon va jusqu’à la limite de la parcelle 220 avec le pan coupé correspondant à la porte ; dans son schéma la remise ne va pas jusqu’au chemin, mais nous ne l’avons pas vérifié, compte tenu de la densité de la végétation.
Le cadastre napoléonien
On retrouve bien le bâtiment principal, la cuisine derrière et la remise ( qui gardera cette appellation, faute de mieux) avec une construction supplémentaire le long du chemin, disparue depuis. Un trait en pointillé, reliant la galerie au manoir, rappelle une construction précédente, désormais en ruine. Le pavillon est conforme au schéma de Didier Cadiou mais une construction un peu plus large relie la galerie à la tour. Il semble y avoir cependant des traits partiellement effacés, qui donnent les limites des différentes parties et, notamment, un trait dans l’alignement du mur extérieur de la tour. Le plan cadastral n’identifie pas le four par un rond, comme cela se fait à Trégoudan pour celui du Prat, mais cette précision est peut-être réservée aux fours isolés (la maison à four de Kerellot n’en a pas ; le second four de Trégoudan non plus)
Dans l’état des sections la parcelle le long de la remise porte le nom d’An Allé, Ar Jardin est le nom donné à la parcelle derrière le manoir. La parcelle entre le manoir et Kertoupin a pour nom Coat Bian, mais le sol des deux fermes de Kertoupin porte à nouveau le nom de « ar Jardin », qui pourrait être la traduction de « Liors ». La parcelle 277, sur laquelle est construit le manoir a une surface de 1200 m², ce qui est en accord avec les dimensions approximatives de 30mx40m.
Pour mémoire on retrouve dans l’indivision Laé-Keraudren des parcelles situées à proximité, notamment une située dans Liors Quélern, un groupe de parcelles entre Kertoupin et Penarpoul.
Le plan de 1784
La comparaison du plan de 1784 (marqué 1782 dans les anciennes versions) avec les deux plans cadastraux précédents montre, que le dessinateur du plan a respecté assez scrupuleusement les dimensions réelles du manoir, appelé château à l’époque. Il faut noter que cela ne représente toutefois, qu’une partie infime de son plan, qui est consacrée aux lignes de Quélern (appelées retranchements) ; il respecte d’ailleurs également très fidèlement un découpage parcellaire, que l’on retrouve encore aujourd’hui dans une très large mesure, puisque la commune de Crozon n’a pas été remembrée.
Il y a bien le bâtiment d’origine avec la cuisine derrière, la remise, la galerie et le pavillon. Devant le manoir il y a la grange. S’il y a une construction en plus au bout de la remise (qui correspond au trait en pointillé du cadastre), il manque la tour actuelle, mais on retrouve bien la construction à peu près carrée qui relie la galerie proprement dite au bâtiment principal et qui devait être également une tour ou une construction similaire. Le pavillon est moins profond, qu’en 1830. Il y a une place devant le manoir ; sur l’un des côtés de la place il y a la grange datée de 1605.
Il y a surtout l'amorce d'un chemin entre les maisons du village et le manoir.
Le plan daté de 1836
Le château est devenu manoir et Quélerne a perdu son « e » final ; sinon le schéma est globalement le même avec cependant quelques variantes. Il y a des murailles partout, ce qui peut perturber la comparaison avec les autres plans.
La construction située entre la galerie et le manoir a disparu ; le pavillon a été agrandi par l’ajout d’une construction supplémentaire, probablement le nouveau four ; l’allée ne débouche plus sur une place devant le manoir et il apparait un escalier, comme si le chemin devant le manoir avait été creusé.
Le chemin venant de Kertoupin passe désormais à l'extérieur.
Ce plan, qui a été dessiné en 1836 par le capitaine du Génie Prié, vient s’intercaler entre celui de 1784 et le cadastre de 1830. En fait le but de ce plan, comme celui de 1784 d’ailleurs, est de représenter, le plus exactement possible, les lignes, telles qu’elles sont à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème. Les dessinateurs ont rajouté un fond d’écran pour situer les lignes dans leur environnement mais il ne faut pas lui donner trop d’importance. Ce fond d’écran est parfois plus précis en 1784 mais celui de 1836 comporte aussi des détails supplémentaires. Par exemple il fait ressortir le marais (Ar Yeun) au nord du ruisseau (le plan est orienté avec le sud en haut de la feuille) et la plateforme. Le glacis devant les lignes n’était peut-être pas encore terminé lors de la réalisation du plan. L’emplacement du marais correspond assez bien à celui de la carte marine de 1911.
La photographie de 1919
Brest Métropole a mis en ligne les photographies du pourtour de la Rade de Brest prises en 1919.
On retrouve bien le manoir avec un pavillon agrandi, recouvert d’un vaste toit à 4 pentes.
Il y a aussi un passage entre la tour et la galerie ; aujourd’hui c’est un amas de pierres. On retrouve également l’escalier, qui figure sur le plan de 1836 ; il est situé à peu près en face de l’entrée du manoir. Il y a une aire à battre sur la parcelle, qui portait autrefois le nom de « Jardin Nevez » et qui a été agrandie au détriment de la place devant la grange. Sauf erreur c’est celle, qui est représentée dans le livre de Cyrille Moguer. En ruine et peu accessible, elle laisse encore voir de grands murs et des restes de charpente. Il y a aussi une grande porte. Elle serait datée de 1605, donc contemporaine de la réfection du manoir.
Enfin sur la photo on distingue assez bien les deux talus, qui encadrent l’allée montant vers Penarcréac’h.
Les différents plans et la photographie de 1919 ont été rassemblés. Le quadrilatère bleu permet d’ajuster les plans pour avoir à peu près la même échelle.
Il apparaît immédiatement, que l’allée est correctement représentée, sauf dans le plan de 1836, qui ne respecte ni sa position, ni son orientation par rapport au manoir.
L’allée fait un angle de l’ordre de 6° par rapport à l’axe de la porte d’entrée du manoir et sa largeur est à peu près celle du manoir.
Dans 4 cas sur 5 l’allée vient s’appuyer sur le coin ouest de la grange.
Le 3ème trait rouge montre, que la remise présente également la même inclinaison de 6° et que son mur extérieur est aligné sur le coin est de la grange. Simple coïncidence ? En fait d’après le plan de Didier Cadiou on aurait plutôt une inclinaison de 8°.
L’allée a été développée dans la page précédente.
Conclusion
Tout est à peu près cohérent sauf le plan de 1836, qui diffère du plan cadastral, daté de 1831 mais les dates annoncées ne sont probablment pas celles l'année du dessin. Peut-on alors en conclure que la tour présente en 1784 dans le prolongement de la galerie a été démolée puis reconstruite ensuite dans l'alignement du manoir?