Le château de la Belle au Bois Dormant
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Le château est à l’abandon
La comparaison avec une photographie prise 3 ans plus tôt montre le développement rapide du lierre, qui masque désormais la totalité de la façade du manoir. Lors de la mise en vente tout a été nettoyé.
Pourtant il était encore habité récemment, comme le montre la photographie mise sur le net par Didier Cadiou ; elle est datée de 1990, année du départ du dernier locataire, comme on le verra plus loin.
Ce manoir est uniquement évoqué lorsque l’on parle de son dernier illustre propriétaire, Emmanuel Legentil, qui fit partie de l’expédition d’Egypte entre 1798 et 1801 et qui n'y a probablement jamais mis les pieds.
Pourquoi passer sous silence le fait, que ce manoir servit surtout de quartier général aux troupes françaises lors de la bataille du 18 juin 1694 ?
Le manoir se présente sous la forme d’un bâtiment principal avec un étage et des fenêtres relativement petites, prolongé par une sorte de « tour » présentant de nombreuses ouvertures, presque toutes colmatées
Le manoir a probablement été endommagé lors de la dernière guerre, car la toiture parait relativement récente et en bon état, même si la pente du toit de la tour ne correspond pas à ce que l’on a l’habitude de voir dans la région pour des constructions de ce type.
Du bâtiment, qui a servi d’entrée, partent des cheminements récents, qui n’étaient pas visibles lors du premier passage en 2014. Le cheminement principal mène au sous sol du manoir et au jardin.
Le sous-sol
La porte a été enfoncée et le sous-sol porte la trace de nombreux passages. Il devait offrir un abri plus confortable, que le premier bâtiment rencontré.
Il s’étend sur toute la longueur du bâtiment principal
Il est coupé en deux parties par un mur de refend. Le plancher du rez-de-chaussée est supporté par une grosse poutre; un pilier cylindrique surmonté d’un chapiteau vient renforcer l’une des extrémités de la poutre. Dans la partie du fond il y a également une grosse poutre
Pour aérer la cave il y a 3 soupiraux, dont un situé juste sous la porte d’entrée. Il laisse malheureusement entrer de la terre, comme on le voir sur la photographie.
A droite il y a un escalier à vis en parfait état, mais encombré de gravats. Il conduit au rez-de-chaussée.
Le rez-de-chaussée
Au premier palier on arrive au rez-de-chaussée, qui est coupé en deux parties séparées par un mur en pierre, qui doit correspondre à celui de la cave. Plus récemment une cloison en bois a été rajoutée pour créer un couloir allant entre la porte d’entrée et l’escalier et isoler ainsi la pièce.
Ces cloisons en bois sont classiques. A Roscanvel elles sont généralement peintes en marron et bleu, le marron étant en bas (la terre par opposition au ciel ?) Ici c’est brun et blanc ou rouge et blanc, comme dans l’escalier, mais la peinture blanche est probablement récente. La porte d’entrée est pratiquement neuve, comme si le propriétaire avait changé la porte après le départ du dernier occupant (l’ancienne est toujours là, posée contre le mur), oubliant de sécuriser la porte de la cave.
Les portes dans les murs en pierre sont ornées de sculptures grossières (des angelots ?). Une porte similaire figure dans l’ouvrage « Escale à Crozon » publié récemment par Cyrille Maguer, qui présente également 3 photographies du manoir.
Une porte similaire se retrouve également dans une ferme-manoir de la région de RENNES.
La largeur des pièces est proche de celle de Tybian : 4,7m ; c’est une largeur, que l’on retrouve d’ailleurs sur des plans de maisons bretonnes anciennes, publiés sur internet. La longueur de la première pièce est à peu près égale à celle de Tybian (7m avec la cuisine) comme si c'était là aussi une sorte de standard.
Aux deux extrémités il y a des cheminées de grande taille (1,90m environ), comme celle de Tybian, mais avec un manteau en pierre. Le mur de la cheminée a une épaisseur de 1m.
Comme dans beaucoup de maison leur taille a été réduite par l’ajout d’un encadrement en bois.
Le plafond repose ici aussi sur de grosses poutres.
Le plancher est en excellent état, du moins pour l’une des deux pièces. Pour l'autre pièces des fuites d'eau (sous l'évier,) ont complètement pourri le plancher
La première pièce devait être la pièce de réception; elle avait une deuxième fenêtre donnant sur le jardin
La seconde pièce devait être la salle à manger, car elle donne sur la cuisine.
L’office et la cuisine
En arrière de cette pièce il y a deux pièces en enfilade, la seconde étant munie d’une cheminée, ce qui laisse à penser, qu’il s’agit bien de la cuisine.
Il n’y a pas d’accès extérieur ou alors il a été condamné comme semble l’indiquer la forme du mur sous la fenêtre.
Le plafond au dessus de la cuisine s’est en partie effondré et laisse apercevoir une charpente relativement récente et un couloir
La charpente est constituée de deux types de poutres à des niveaux différents, qui font penser à des réfections faites dans les années 30, puis dans les années 60.
Le linteau de la porte donnant sur la salle à manger a été refait en béton, du moins partiellement.
L’étage
L’escalier à vis permet d’accéder à l’étage avec, ici encore, deux pièces, plus un réduit au centre, pouvant convenir pour un lit d’enfant, comme dans la plupart des habitations de la presqu’ile, qui étaient construites avec un étage.
Les journaux, qui jonchent le sol, permettent se situer l’année de l’abandon du manoir : 1990, qui est aussi l’année des photos de Didier Cadiou.
L’espacement et la forme des poutres du plafond (il y en a en gros 2 fois plus, qu’au niveau en dessous) sont très proches de ceux de maisons construites vers 1930. Il en est de même du plancher, qu’elles supportent. La réfection date donc de cette période. Contrairement aux fenêtres du rez-de-chaussée, dont les volets étaient fermés, les fenêtres sont ici ouvertes et les papiers peints en relatif bon état, comme si les occupants des lieux venaient juste de déménager.
Curieusement, malgré les portes et les fenêtres ouvertes, il n’y a pas de toiles d’araignée, ni de traces de passage d’animaux. En tout cas pas de renards.
Dans l’une des pièces il y a encore le cabinet d’aisance, qui doit s’évacuer dans la construction adjacente à l’escalier figurant sur le schéma de 1990. Dans l’autre pièce il a été déplacé pour laisser la place au passage aménagé au dessus de l’office et qui conduit à la tour.
L’escalier s’arrête brutalement, comme s’il y avait eu autrefois un second étage. Il devait plutôt desservir les pièces situées sous le toit avec, très probablement, des fenêtres ouvragées, comme on le voit dans divers manoirs ou châteaux, mais aussi dans la librairie située en face de l’église de Crozon. Il y a d’ailleurs une photographie d’une autre maison dans le livre de Cyrille Maguer, qui possède également une fenêtre ouvragée.
Il est possible, que la disparition de ces fenêtres et d’une partie de l’escalier soient la conséquence de l’effondrement de l’ancienne toiture dû à la vétusté ou aux bombardements (si la toiture actuelle a été faite après la guerre). Ces éléments n’ont pas été repris lors de la réfection du toit du manoir, qui est désormais accessible uniquement par une trappe. On trouverait facilement d’autres « réductions » de grandes maisons dans la presqu’ile de Crozon. C'est d'ailleurs le cas de la maison de Quélern, dont il a déjà été question.
Par ailleurs les nombreuses niches trouvées dans les murs sont également les témoins de modifications successives du schéma d’origine.
Dans la tour Dorée de Camaret il y a également un escalier en pierre, qui se termine par une "chandelle" en bois. Il devait y en avoir une ici aussi, mais elle a disparu.
Les annexes sont détaillées dans la page suivante
Ci-dessous l'état de la corniche il y a 2 ans.