Le Pors ou "Ty Postic"
Version 3.7_Page 11-31_décembre 2019
En traversant le Prat, on arrive sur « Ty Postic », maison faisant partie d’un groupe appelé autrefois« le Pors », déjà cité plus haut.
La dénomination « Pors », qui désigne en fait l’ensemble des bâtiments autour d’une cour fermée, un peu à l’écart du chemin, ne figure pas dans le partage, ni dans la liste des propriétaires en 1831. Par contre la plupart des parcelles situées au nord portent le nom de « toul ar pors ».
Comme la maison a pour nom « ty postic », le jardin situé à l’est s’appelle « Liors Postic » (parcelle 291).
Il s'agit probablement du nom d'un précédent propriétaire. Il y avait d'ailleurs une famille Postic à Lodoën.
Le premier des deux partages
La ferme est décrite dans un premier partage entre Jacques Kéraudren et les trois enfants de sa sœur Marie Anne Keraudren ; il est daté du 7 novembre 1839.
Les biens sont issus de la succession de Joseph Keraudren et de Marie Jeanne Kerguelen, sa femme, mais aussi celle de Françoise Kerguelen, sa belle soeur.
Sur la liste des propriétaires de 1831 on constate qu’un très grand nombre de parcelles sont au nom double « Laé-Keraudren » et non pas « Héritiers Keraudren » comme on le trouve par ailleurs.
On ne retrouve pas toutes les parcelles
Compte tenu de la proximité de sa rédaction avec celle du cadastre il était tentant de rapprocher les listes des deux partages.
Le cadastre napoléonien énumère 73 parcelles appartenant aux héritiers Laé-Kéraudren sur les deux villages de Trégoudan et Quélern, en plus des nombreuses autres parcelles situées à Kerellot.
L’examen du partage entre Jacques Kéraudren et les héritiers de sa sœur ne permet pas de retrouver toutes les parcelles. Certaines ont changé de nom et les parcelles voisines ont parfois aussi changé de propriétaire, ce qui ne facilite pas le repérage.
Par exemple Liors braz est devenu Jardin braz pour la partie ouest revenant à Jacques Keraudren et Pors bian pour celle qui est devant la maison des Laé.
Ty al laé
Autre exemple, les parcelles « ty al laé » du cadastre ne figurent pas sous ce nom dans le partage. Il n’y avait d’ailleurs pas de maison sur ces parcelles. Par contre, quand on regarde le cadastre on note que les parcelles « ty al laé » sont incluses dans liors bras, avec leurs bornes ; on a donc bien eu un démantèlement de liors bras. Il faut rapprocher ce nom de celui que l’on trouve à Rigonou, mais aussi à Kerloc'h ou au Juch, près de Douarnenez : Al Laé voudrait dire « d’en haut ». La maison correspondante serait alors la 288, qui se trouve en effet plus près du sommet de la colline (« Pen ar Hor »).
Il est intéressant de noter ici, qu'il existe un second "Pen ar Hor" un peu plus loin. En effet c'est sous ce nom, que les habitants du village de Penarcréac'h désignent leur village; ils n'utilisent pas l'appellation officielle. Cela m'a été confirmé par Grand Mère et aussi par des personnes, qui y habitent actuellement.
Le Pors dans le second partage
Le second partage, qui intervient entre les 3 héritiers Laé est daté du 18 avril 1840 ; il reprend très exactement le texte du premier, du moins pour la partie les concernant.
Ce partage a été le point de départ d’un très grand nombre de querelles entre les héritiers de Joseph Keraudren et leurs successeurs. Tout n’est pas encore apaisé à ce jour.
Entre la rédaction du Cadastre et le partage Jacques Kerauden a construit une maison. Elle est qualifié de "grande maison", alors que les deux maisons semblent de dimensions comparables. La maison, qui se trouvait sur la parcelle 288 a apparemment disparu; elle a peut-être été incorporée dans la maison actuelle, qui a été modifié vers la fin du 19ème.
Le Pors d’après le cadastre actuel
En fait c'est assez nébuleux. La description
du « Pors », qui est donnée dans les deux actes correspond assez bien au cadastre, à l’exception de la grande maison, qui ne figure pas sur le plan cadastral. On pouvait supposer,
qu’elle a pris la place de la maison, qui figure sous le numéro 288, mais ce n'est pas si simple car il y a toujours entre les deux une maison appelée Ty Creis. La nouvelle maison a donc pris
essentiellement sur les parcelles voisines 286 et 287.
Avec le remembrement de la commune de Roscanvel les parcelles ont été regroupées, mais on retrouve à peu près la configuration initiale, même si de nombreuses constructions ont été rajoutées depuis. Il semble que l’ensemble actuel ait bien une longueur totale plus importante qu’en 1830. L’étalon pour la comparaison est l’ancienne cuisine, aujourd’hui en ruine.
Une erreur sur le plan cadastral de 1830 est peu probable car la parcelle 288 est donnée pour une superficie de 45 m², ce qui donne en gros une pièce de 4,70m de large pour 6, 20 m de longueur, dont la moitié aurait été récupérée lors de la reconstruction du Pors.
La situation actuelle
Les maisons ont été reconstruites depuis; la nôtre vers 1870. S’il n’y a pas de mur mitoyen avec Jacques Keraudren, une crèche relie néanmoins les deux maisons. Dans l'un des actes il est question d’une maison, qui a pour nom "Ty Creis" et qui a été partagée ; quelle est la moitié de Ty Creis qui subsistent aujourd'hui ? Les voisins ont longtemps prétendu, que c’était leur moitié.Finalement un accord est intervenu. Nous conservons la crèche.
Pendant longtemps les deux familles ont utilisé le même passage pour rejoindre le chemin, ce qui a entraîné de nombreux problèmes de voisinage.
Cette servitude de passage n'a pas été reprise dans le nouveau cadastre, issu du remembrement; il a fallu créer en urgence une entrée séparée pour la ferme des Laé lors du décès de l'une des dernières locataires de la ferme.
La cuisine a été détruite lors de la dernière guerre, mais elle figure encore en pointillés sur le cadastre le plus récent, car il reste trois pans de mur. On les voit sur la photo suivante avec, à gauche, l'ancien débouché du Pors.
comparaison des informations
Si on compare les deux cadastres à la photographie aérienne prise en 1919 et mise en ligne par BMO on constate, que les deux maisons actuelles ont en gros une longueur équivalente à celle de la maison du cadastre napoléonien, augmentée de la construction portant le numéro 288, comme si la vieille maison avait été détruite et remplacée par deux maisons séparées; le vide a été ensuite comblé par la pose d'un toit.
On ne saura donc jamais ce qui s'est passé.