Les biens meubles de Jean Derrien

 

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L’inventaire des biens meubles de Jean Derrien a été établi le 6 août 1807, un peu plus d’un an après le décès de sa femme, Marie Louise Gourves, survenu le 31 mars 1806.

Jean Derrien habite alors avec ses cinq enfants la ferme de Trégoudan, qu’il a achetée en 1805 et qu’il venait juste de récupérer.

Un conseil de famille a été nommé le 30 avril 1807 et le 5 août le tuteur des enfants, Yves Le Géval, a désigné un estimateur pour faire l’inventaire des biens de la communauté; il s’agit de  Jean Allain Herveguen de Penarcréac’h, qui, selon le cadastre de 1831,  possède également 3 parcelles de lande  dans la montagne de Trégoudan, le long de la côte.

L’énumération des biens meubles commence par les animaux de la ferme :

trois vaches estimées                90F

un petit bœuf                            15F

un cheval et équipage                33F

5 moutons                                24F

Elle se poursuit avec les instruments de la ferme :

La charrette et attirail                90F

La charrue                                30F

Les pelles, masses, pioches, faucilles… sont plus loin dans l’énumération, pour moins de 20F en tout

Le mobilier suit :

Une table                                 8F

Une armoire                              42F      qui vaut donc plus cher qu’un cheval

Une armoire de vaisselier           24F

Un lit près du feu                       7F

3 lits à tombeau                        25F en tout, dont un avec rideaux, qui est compté pour 12F) (celui des parents)

 

En principe ce sont des lits à colonnes, mais est-ce bien le cas ici ? Ce sont peut-être seulement des lits clos.

Qui dort dans ces lits à tombeau ? Les parents pour le lit avec ses rideaux ;  les enfants dans les autres? Les plus jeunes doivent coucher à deux dans un même lit.

 

Les bancs, chaise et coffres sont plus loin, pour 5F environ

L’inventaire aborde ensuite la batterie de cuisine avec une grande marmite pour 18F et l’inévitable poêle à crêpes pour 7F, qui vaut donc autant qu’un lit ! Il y a une maie à pâte pour 5F. L’ensemble de la batterie de cuisine se monte à 50F environ.

Il n’y a que trois assiettes

Mais 4 couettes, 6 traversins, 7 couvertures et 28 draps, ensemble 69F

Les vêtements sont évalués à 36F pour la femme et 30 F pour l’homme (les « hardes »)

Viennent alors les deux boisseaux d’orge (10F) et les trois boisseaux d’avoine (12F)

Enfin, pour terminer, les outils de la forge pour 90F, les masses et faucilles pour 20F et le feu de charbon pour 6F, car il ne faut pas oublier que Jean Derrien est taillandier.

Le total se monte à 740F. Il est à rapprocher du prix de la ferme de Trégoudan : 2100F payés en plusieurs fois entre 1805 et 1819 et du montant de la succession de Jean Derrien en 1836 : 3000F

En principe le franc est resté à peu près constant pendant tout le 19ème siècle.

Il n’a commencé à glisser qu’après la première guerre mondiale, pour s’effondrer à la seconde.

L’inflateur publié sur internet  donne une correspondance : 1F de 1901 = 4€ de 2014.


Appliqué à l’évaluation de 1807 on arrive à des montants très faibles, comme s’il manquait un facteur 10. Il est probable que l’inflateur de soit pas très représentatif finalement, même si on a vu une certaine correspondance dans le cas des biens meubles de Pierre Le Lann.