Le partage de la montagne de

Lannilien

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 Lorsque l’on se promène le long de la côte de la presqu’île de Crozon, au sommet des falaises on voit des étendues de bruyère et de lande rase avec çà et là des rochers. Ce sont des zones incultes, qui appartiennent généralement aux habitants des villages voisins, ou plutôt à l’ensemble des propriétaires de ces villages. Elles sont souvent qualifiées de terres vaines sur le cadastre ou dans les actes de propriété.

 

Très vite les habitants ont cherché à exploiter ces zones. Un exemple type est celui du village de Lostmarc’h. Des parcelles ont été matérialisées, travaillées, puis découpées en lanières, selon le schéma classique. Mais lors de la réalisation du cadastre toute la bande côtière était encore restée propriété commune.

 

A l’inverse à Trégoudan tout avait pratiquement été réparti, probablement au moment de la Révolution, puisque le document mélange des cordes et des ares. Les parcelles vont jusqu’au bord de la falaise, comme on l’a vu dans les pages précédentes.

A Roscanvel le partage est plus ancien encore.

Lannilien est un cas proche de celui de Lostmarc’h : en bordure de mer il reste de vastes étendues, qui sont restées dans l’indivision.

 

En 1866 le Tribunal de Première Instance de Châteaulin va procéder à la licitation de terres indivises situées sur les villages de Lannilien et Kerloc’h , qui dépendaient alors de la commune de Crozon, mais qui sont aujourd’hui rattachés à Camaret.

Les personnes impliquées

Si les demandeurs sont au nombre de huit, plus de 200 individus sont concernés par ce partage. Leur liste permet d’avoir une idée des alliances, car on retrouve souvent les mêmes noms. Le document de 24 pages est à la fois précis et confus. Si les demandeurs sont bien identifiés et regroupés, les défenseurs sont répartis en deux groupes : 28 pour le premier groupe, qui correspond aux exploits de début juillet 1866, et 241 pour le second groupe pour les exploits de fin juillet 1866. Les conjoints portent un numéro différent, ce qui allonge la liste. Dans la plupart des cas le domicile est indiqué. Curieusement, à une exception près, il n’y a pas d’enfants mineurs sous tutelle dans la seconde liste.

Il faut noter enfin que les notables ont le droit d’être appelés « Monsieur, Madame ou Mademoiselle ».

Sous réserve de d’erreurs éventuelles ou d’omissions, il est possible de trier les protagonistes par nom de famille ou par domicile. Le tri par nom de famille est exploité dans la page « sommes-nous tous cousins ?». Le tri par domicile montre que, sur 277 personnes, 150 habitent le commune de Camaret et 70 les villages rattachés à Camaret en 1908, comme Lannilien et Kerloc’h.

Compte tenu de la population de Camaret à cette époque, et sous réserve de vérification des recensements effectués autour de 1866, on peut considérer que le quart, au moins, de la population de la commune est concerné par le partage.

Auguste Laé et Véronique Quélen figurent sous les numéros 19 et 20 dans le premier groupe. Véronique Quélen est mineure émancipée par le mariage. Elle est la seule dans ce cas. Ils habitent Trégoudan. Le document en notre possession est l’exemplaire destiné à Auguste Laé et Véronique Quélen.

Jacques Laé et Marie Laurence Mérour figurent dans le groupe le plus important sous les numéros 132 et 133. Ils habitent aussi Trégoudan. Leur exemplaire n’a pas été retrouvé, soit parce qu’il a disparu dans le chantier d’Auguste Laé, soit parce qu’il a été donné à Victorine Laé, lors des partages des biens de Jean et Joseph Laé. Mais il manque aussi les copies des exploits et le résultat de la licitation.

On savait que Véronique Quelen était originaire de Kerloc’h, il est clair maintenant, que Marie Laurence Mérour l’était aussi, puisque du côté Laé les biens étaient à Trégoudan ou Kerellot.

La zone à partager

Il n’y a que 6 parcelles à partager, qui portent les numéros 1457, 1458, 1459, 1460, 1461 et 196.

5 parcelles appartiennent alors à la commune de Crozon : 1457 à 1461 ; elles sont qualifiées de terres vaines

Curieusement dans cette liste ne figurent pas les parcelles 1462 et 1465, qui étaient aussi propriété de la commune de Crozon, lors de l’établissement du cadastre napoléonien, comme si un premier partage avait déjà eu lieu.

Inversement le partage inclut la parcelle 196, terre labourable située près du village de Saint Julien et appartenant à un certain Belbeoc’h de Penfrat.

Le plan cadastral montre bien que ce n’est qu’un partage partiel, puisque de larges zones restent à l’écart.

116 lots ont été créés, certains de surface importante, mais la mise à prix fixé reste faible : 20 ou 50 francs.

La surface totale des 116 lots dépasse largement celle des 6 parcelles de départ et les noms donnés ne correspondent pas aux parcelles en indivision, comme si on en avait profité pour faire une sorte de remembrement des terres des deux villages. Il est probable que l’on va retrouver toutes les parcelles identifiées aujourd’hui sous les lettres BP, BV, BW et BX.

Le partage de la zone BX, réalisé avant 1830, en particulier les parcelles 1448, 1449 et 1450, frise l’absurde, quand on connait le terrain.

 

Aujourd’hui la zone BX est nettement moins divisée (même s'il y a eu de nouveaux découpages), ce qui n’est pas le cas des terrains voisins, en direction de Penaryeun ou de Lannilien.

 

Le partage des zones BV et BW s’est poursuivi.

 

L'éventail, qui se trouve dans la zone BP a même été divisé encore plus.

La photographie ci-dessous montre la zone côtière entre le Veryac’h et Kerloc’h : toute la bande rougeâtre est pratiquement à l’abandon, même si on distingue un reste de parcellaire

 

 

Ci-dessous le découpage actuel des zones BV et BP avec le fameux éventail.

A la fin de l'été 2023 l'association Envor an dour a organisé une promenadeà partir de la chapelle St Julien jusqu'au cosquer, le massif rocheux visibble à l'extrême droite sur la zone BN., .