Le découpage des parcelles face à l'Iroise

 

Version 4.2_Page 32-11_janvier 2024

 

Toutes les parcelles allant du numéro 3 au numéro 166 sont sur la feuille n°1 de la première section, la façade ouest du village de Trégoudan, face à l’Iroise. Les parcelles de 12 à 166 sont à l’ouest du grand chemin qui part de la porte de Camaret pour aller vers le nord, vers les forts de la côte. Ce chemin ayant été tracé après la division des parcelles on va en retrouver certaines sur la feuille n°2 avec un autre numéro ; seules les parcelles 8 à 11 sont restées sur la feuille N°1, en conservant le même numéro.

 

Le cadastre sur soie

 

La feuille n°1 a été recopiée sur un morceau de soie, qui est très lisible, mais difficile à étaler en raison des nombreux plis. Ce cadastre sur soie a été réalisé après 1830, mais probablement juste après le décès de Jean Derrien en 1835, à moins qu’il en s’agisse d’un document établi lors d’une succession Le Mignon.

 

Il y a peu de bornes sur le plan sur soie et les limites entre les parcelles sont souvent indiquées en pointillés, comme si le partage était relativement récent.

 

 

Par exemple il n’y a pas de bornes entre les parcelles 4 à 13 (léac’h pascouet et léac’h cardinal). A l’inverse il y a des bornes entre 23 (léac’h cazi) et 24 (léac’h izella), ce qui semble indiquer, qu’il s’agit de deux entités différentes.

 

Sauf quand le partage est très récent (partage des biens de Joseph Penfrat notamment) il n’y a pas de logique évidente. La largeur des parcelles est très variable et elles vont jusqu’au bord de la falaise.

 

C’est le cas des parcelles 61 et 62 (« Landouroc »), qui font respectivement 1130 et 470 m².

 

Redécoupage de parcelles déjà découpées

 

 Avec les différentes successions, on a eu plusieurs modes de découpage : un découpage partiel, où seule une petite partie a été découpée, comme dans le cas des parcelles 145 à 147, qui font respectivement 1440, 350 et 350 m².

Les partages les plus récents, intervenus pendant la création du cadastre et qui sont identifiés par le rajout de ‘bis’ ou ‘ter’, se remarquent aussi par un trait plus fin.

Par exemple, pour les parcelles 64 et 64 bis on a un partage en deux parties égales, avec 2730 m² chacune. Dans ce dernier cas les deux propriétaires portent le nom de Penfrat : Jacques et Jean Marie. Il s’agit de la succession de Joseph Penfrat.

On trouve même dans le cas de la parcelle 28 le ratio du partage : ¾ et ¼. Le propriétaire de la plus grande est Jean Derrien ; celui de la plus petite serait son frère Jean-Marie Derrien de Kervian, mais le ratio donné sur la liste des parcelles n’est pas le même : on a respectivement 1280 m² et 310 m² ; la parcelle 28 est 4 fois plus grande que la 28 bis et non pas 3 fois.

Après la publication du cadastre les partages sont moins fréquents et, dans ce cas ils sont repérés par la lettre « p » derrière le numéro de la parcelle principale, ou tout simplement le mot « partie », parfois sans découpage réel de la parcelle, qui peut rester exploitée de manière globale.

 

 

 

La photographie aérienne de 1919

 

Pendant une période il y a eu sur le site de BMO des photographies aériennes prises en 1919. L’accès était assez facile, mais la navigation plutôt laborieuse. Aujourd’hui la navigation est nettement plus aisée. Sur le site de BMO il y a même des photographies plus récentes.

 Ci-dessous on a le découpage de la zone côtière d’après les noms attribués aux parcelles.

 

 

Il y a en gros trois zones : le nord, le sud et l’est.

 

La zone nord

 

 

En bord de falaise l’orientation est en gros est-ouest. 

Le découpage en lanières pourrait paraître logique: chaque paysan veut sa part de fougères, de lande, de terre labourable, de pré…, mais ici en bordure de falaise tout n'est que bruyère et lande rase.

La seule différence perceptible se situe dans la hauteur des végétaux, qui diminue progressivement quand on va vers l’ouest. Le vent s’est chargé de réduire leur croissance.

 

La plupart des champs en lanières la côte ouest portent le nom de « léac’h » : « léac’h pascouet », pour celles qui sont en retrait de « Poul Broën », puis « léac’h cardinal », « léac’h casi » et « léac’h izella ». On retrouve aussi le nom de « léac’h casi » en retrait de la côte et même « corn ar casi » pour un champ triangulaire.

Selon les actes le mot « léac’h » est traduit par « tenue » ou « terre de … ».

En fait au départ tout devait dépendre de la tenue de Casi. Les autres noms sont arrivés à la suite du démembrement de la tenue initiale, qui est intervenu probablement avant le 17èmesiècle.

 

La photographie ci-dessous a été prise a peu près au milieu de cette zone. En arrière plan Menez Lodoën avec son village à droite ; Tout au fond, à gauche Keraguennec et à droite Menezarvel.

 

 

La zone sud

 

La limite entre les deux zones n’est pas précise, sinon qu’elle se situe en gros au niveau du chemin de terre qui permet de rejoindre la côte et qui se dirige vers le fort du cap Tremet.

Les premières parcelles portent les noms de Garrec Pascouet et Garrec Ven, qui sont aussi des noms de tenue.

 

En plein milieu de cet ensemble, de 30 à 37, on a « tachen vras kreis ar menez », qui ne se distingue pas autrement des autres champs.

 

 C’est à peu près la partie la plus élevée de la côte, entre les deux promontoires : l’ilot du diable d’un côté et le cap Trémet plus au sud.

 

Juste avant le cap les parcelles prennent le nom de « Landouroc », puis Huel goarem Koz ; on voit d’ailleurs sur la photographie les traces d’un chemin, qui longeait la côte, avec un peu plus à l’est un autre chemin, qui longeait la redoute de Quélern et passait en bordure de Goarem Men Hir.  

 

La zone est

 

En retrait de cette première bande de terre, avec Men Hir et Men Ber on passe en orientation nord-sud. Les différentes parcelles individuelles sont nettement visibles.

La route, qui fait le tour de la presqu’ile n'a pas provoqué de réelle coupure dans le découpage des parcelles initiales.

 

En effet, quand on passe sur la feuille n°2 on retrouve "Men Hir" et "Pen ar mez du", "Mez du" étant un  grand champ au dessus du village deTrégoudan.

Par contre entre les deux on voit s'intercaler "Men  ber".

 

En fait sur la première feuille "Men hir" s'applique aux parcelles situées les plus à l'est de l'ensemble "Leac'h cazi".

 

Sur la feuille n°2 par contre, "Men hir" est le nom, qui fut donné aux parcelles proches du carrefour, les autres portant le nom de "Men ber". D’où peut venir cette opposition entre « hir » long et « ber « court » ?

 

Goarem Men hir

 

Alors que les changements de nom le long de la côte ne semblent pas répondre à une logique particulière, on a sous l'appellation "goarem men hir" un ensemble homogène, qui a la forme d’une bulle, comme s’il s’agissait d’un témoin du défrichement initial de cette zone.

 

Une zone partiellement cultivée

 

L'examen de la photographie aérienne de 1919 montre également que, contrairement à aujourd'hui, une large partie de la surface était encore cultivée. La différence de teinte entre cette bulle et les autres parcelles est assez remarquable. Est-on en présence d’une qualité de terre différente ?

 

ar C'ham

 

Curieusement deux parcelles (47 et 144) portent le nom de « menez ar c’ham » La première est dans « Garrec Pascouet » et l’autre dans « Léac’h Casi ».

 

Dans les deux cas le propriétaire est Jean Jaffré, mais il est aussi propriétaire de parcelles voisines, qui ont conservé le nom de « Léac’h Casi ».

 

La parcelle 144 a une superficie de 3600 m², quand la plupart des parcelles voisines font moins de 1000 m² ; elle est en bordure d’un groupe portant aussi le nom de « Men Hir » à côté de celui de « Léac’h Casi ». Les différentes dénominations ne semblent pas résulter d’une quelconque logique.

 

si l’appellation « ar C’ham » n’apparaît pas dans les actes recueillis, on a par contre

« Menez Haon » dans un acte de 1857 sur la vente de biens ayant appartenu à Jean Derrien.

 

on a aussi des parcelles à Kerellot, qui portent le nom de ar C'han, mais elles sont en contrebas des lignes.

est-ce le même nom?

 

Le nom « ar C’ham » est courant dans le Léon ; on le trouve aussi à Saint Ségal, près de Châteaulin.

Le nom de ces deux parcelles est-il à rapprocher de l’adjectif « kamm », tordu ?

 

 

 

La photographie satellite ci-dessouss a été prise en 2021. Elel montre qu'il y a encore quelues champs utilisés en bas, vers le fort de la Fratenité. Au delà c'est en friche.